lundi 2 février 2015

Du froid dans la nuque


À nous les citadins qui ne voyons des vaches qu’en photo sur les paquets de steaks hachés. À nous les urbains qui ne savons pas que les tracteurs sont encore homologués à rouler sur nos départementales.

À tout ceux qui rêvent de voir des arbres de noël dans leur état sauvage ( qui, je le rappelle, n’est pas à côté de la benne à ordure comme on peut en voir au cours du mois de janvier ). À tout ceux-là qui ont besoin d’air, besoin de bleu et de vert dans les poumons et entre les neurones. Ceux qui veulent s’évader, loin, très loin de la pollution atmosphérique, visuelle, télévisuelle et audiovisuelle qui encrassent les organes vitaux. Et encore ceux qui désirent pouvoir respirer sans une *Pschiit* bouffée de *Pschiit* Ventoline entre chaque *Pschiit* mot.

Je suis de ceux-là.

Bien que ce message n’ai aucun but lucratif et n’est malheureusement pas sponsorisé par l’office du tourisme et le conseil général des Alpes-Maritimes, je tenais à souligner la chance de gueux que nous avons de vivre dans cette région. Profiter de la vitamine D les pieds dans l’eau en petite tenue ( pour les plus audacieux ) en ayant vu sur les montagnes enneigées. Ou bien, arriver en haut d’un tire-fesse qui te remonte ta petite culotte jusqu’aux amygdales et, au delà de tous ces angles blanchis, apercevoir plus que nettement ta mer et parfois même le sommet du rocher Corse, si t’as le cul ( aplati par le palais de la remontée mécanique ) bordé de nouilles.

À moins d’une demi-heure de route à vol bruyant de Danloux’s Mobile, il n’y a déjà plus âmes qui vivent à part des Kamikazes en collant rembourré au niveau du fessier qui se donne comme challenge de grimper cette côté à 7% avant le coucher du soleil, des chevelus perdus aux pantalons bariolés, longboard au pied et des soit-disant pierres qui chantent.
30 minutes plus tard, voici les premières tâches blanches de neige courageuse que les rayons du soleil hivernal n’arrive plus à faire fondre.
Dans un dérapage pas contrôlé du tout sur une plaque de verglas, mon pot de tôle bleu métallisé s’immobilise, tout voyant de batterie allumé histoire de nous faire une grosse frayeur à 1250m d’altitude, mais surtout pour nous faire profiter du silence de la neige fraiche et des sapins rageux.

Oui: rageux. Non, mais il faut les comprendre aussi. Ils se font brouter les branches du niveau inférieur toute la sainte journée par des mammifères végétariens. L’hiver, une masse de poudreuse vient alourdir leurs cimes et l’été, personne ne daigne publier leurs épines cramoisies par le soleil sur Instagram. Alors lorsqu’une connasse adepte du bio et du imprimez-moins-pour-sauver-les-arbres se balade en essayant de siffloter entre ses lèvres gercées et congelées, l’épicéa se fait plais’ et se venge en balançant adroitement des projectiles de boules de neige givrées sur son crâne naïvement protégé d’un bonnet en laine de lama du Pérou.

Alors certes, nous vivons dans un monde où la pâte à tartiner saveur choco-noisette coute plus chère lorsqu’elle est étalée en altitude. Un monde où de nos jours, nous pouvons entre-apercevoir furtivement des animaux sauvagement encadrés par des barbelés. Parmi eux, des bisons qui remplissent innocemment leurs 4 estomacs sans se douter qu'ils finiront prochainement entre des pommes de terre au four et sous une sauce forestière. Malgré cela, nos esprits de citadines se trouvent rassasier par la vision Walt-Disneyienne d’un jeune bambi au milieu des conifères, grignotant quelques épines par-ci, par-là, sous le regard creux de sa maman biche qui n'aurait pas encore rencontré la balle du méchant chasseur.

Et c'est le céphalée rafraichit, les extrémités du corps inertes et le taux de glycémie anormalement haut ( dû au Nutella à la crêpe ingéré plus tôt ) que nous retournons doucement, mais surement, vers les premières habitations, vers les premiers panneaux publicitaires qui occultent la vue sur la grand bleue, vers les premiers coups de klaxon à la première intersection, vers Lundi.

Maintenant, foutez-moi la paix et laissez-moi aller vivre dans une cabane en bois d'arbre, au milieu d'une forêt de sapins nordmann, de la neige et de poneys.

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