jeudi 19 novembre 2015

Et après ? La vie !


On est tous un peu meurtri et traumatisé ( et je mesure le poids de ce mot ) par ce qui s’est passé vendredi soir. Chacun tente de récupérer de cette gueule de bois comme il le peut. Et comme c’est le genre de gueule de bois dû a des mélanges de trop d’alcools plus que douteux et qu’on a plus 20 ans, ça prend plus de temps que prévu. 

Le coca, l’eau de cuisson des carottes et autres remèdes de grand-mère n’aideront pas non plus.

Quelques jours seulement après tout ça, on découvre petit à petit un peu plus d’infos concernant l’enquête en cours et la chasse aux terroristes. Une attaque, que l'on espère  esseulée, contre un professeur juif, un taré surement échappé de l'asile qui agresse une femme voilée qui n’avait rien demandé en plein coeur de Marseille ( si il veut s’attaquer à tous les voiles de France, il va avoir du boulot le pauvre petit ), des missions très matinales du RAID et le mytho de l’année qui n’était pas au courant de l’identité de ceux qu’il hébergeait gentiment dans son appartement de Saint Denis, pensant naïvement que la ceinture d’explosifs suspendues à leurs hanches n’étaient rien d’autre que le it-accessoire de l’automne-hiver 2016. 
Et on se dit, alors quoi ? Il faut maintenant vivre et accepter le fait que chaque matin, sur nos petits et grands écrans, on découvre que pendant que nous étions dans les bras de Morphée, la nuit a été la scène d’un nouveau fait chargé de violence et d’angoisse

Et après ? 

Et bien après: la vie ! 
Oui, la vie bordel !  Alors on éteint cette télé qui nous garde en otage depuis plusieurs jours. On coupe les notifications anxiogènes de notre smartphone. Adieu Lemonde.fr, Le Parisien en version papier et Bruce Toussaint. On remet l’oiseau bleu dans sa cage avec une bonne dose de graines décortiquées pour ne pas avoir à revenir le nourrir dans quelques heures. On clique sur la petite croix rouge de son fil d’actualités Facebookien qui commence à pulluler de publications sordides entre photos du massacre en pleine lumière, rumeurs d’attentats aux quatre coins de la France et articles d’extrême droite sélectionnés par notre vieille Tata un peu proche du bord, qu’on ne voit, par chance, qu’aux enterrements et aux repas de famille forcés. Et on sort de là ! Allons #tousaubistrot comme nous le suggère Dédé, pilier de bar depuis plus de 43 ans. 

Bon je vous avoue que tout ça fait partie d’un travail d’auto-persuasion parce qu’en fait je suis une putain de trouillarde.

J’ai peur d’aller au centre ville un samedi après-midi. J’ai peur de prendre l’avion dans moins d’un mois ( même si tout le monde se fout d’une petite navette interne ) ( j’ai voulu indiqué mon vol mais j’ai eu peur qu’un terroriste amateur de billets d’humeurs tombe sur mon blog et que mon article lui donne l’idée de piéger mon avion avec des flacons de plus de 100 ml ). J’ai peur de devoir me rendre dans de grands centres commerciaux pour faire mes achats de Noel. J’ai peur de faire mes achats de Noel ( mais ça, c’est tous les ans comme ça. Rien à voir avec le terrorisme, je suis juste au niveau -12 du parking de l’imagination quand ça concerne l’achat de cadeaux ). 
Tout ça a même réveillé en moi certaines de mes vieilles craintes de gamine comme la peur du noir. Comme après avoir regarder un épisode de The Walking Dead, je suis incapable de me balader dans la maison sans appuyer sur tous les interrupteurs que je croise sur mon passage, même quand ma balade n’affiche que quelques pas au compteur du podomètre. 
Et alors, quand j’entends notre premier ministre dire d’une voix grave que l’on peut craindre des attaques chimiques et bactériologiques … Comment vous dire ? C’est un peu mes deux plus grandes phobies réunies en une seule. Non parce qu’en fait, je suis le genre de nana qui, malgré son jeune âge, fait tous les ans le vaccin de la dernière grippe à la mode. Qui fait aussi une batterie de test régulièrement pour voir si tout fonctionne correctement. Je suis le genre de nana qui fait un malaise vagale chez le gynécologue en pleine palpation mammaire, cul nu, les pieds dans les étriers. Le genre de nana qui se trouve une grosseur tumorale chaque soir après la douche. Alors comme dirait ce roux de Ron Weasley: « On peut paniquer maintenant ? » ( à moins qu’il voulait dire « on peut pas niquer maintenant » ? )

Alors je disais quoi ? Ah oui, oui à la vie ! « La vie, la vie, la vie, la vie, mmmhhhhh voici la viiiiiie ! ». Toi qui est né dans les années 90 tu reconnaitras surement les paroles de ce refrain entrainant et entêtant du générique de ce dessin animé où les héros sont des globules rouges et blancs souriants. Déjà prédestinée à l’hypocondrie, je ne ratais aucun épisode de cette saga qui nous expliquait le phénomène de chair de poule ou comment les gentils anti-corps combattaient les vilains virus ( j’avais toutes les cassettes et le squelette à monter soi-même ).

Mais je ne dois pas seulement cette phrase à ce générique de dessin animé sous acide. Je la dois aussi à Mya. Ma première petite nièce, née deux jours après toute cette merde. Qui est arrivée à point nommé nous apporter de la joie, de la douceur et de l’optimisme, et fixer sur nos visages fermés, un grand sourire béas
Bon on va pas se mentir, mais certains bébés sont moches à la naissance. Ils sont tout rabougris, les yeux mi-croutés, mi-bétadinés et chouinent sans arrêts, portant sur leur petit visage plissé toute la tristesse de ce monde malade
Mais pas Mya. Elle est belle et douce la Mya. Elle parait calme et sereine malgré le fait qu'elle soit née ( peut-être ) à l’aube d’une troisième guerre mondiale. Mais tout ça elle s’en fout Mya. Son seul soucis est d’attendre patiemment l’arrivée de cette tétine pleine de lait, qui viendra lui caresser le gosier et remplir son petit estomac ( qui remplira à son tour des couches Pampers ). Et puis elle leur fait la nique à tous ces bouseux cachés au fin fond de la campagne Syrienne, en respirant la vie à plein poumons, en regardant ses géniteurs de ses grands yeux ronds avec tout l’amour et la reconnaissance qu’elle est capable d’offrir du haut de ses 45 cm et de ses 3 kg, mettant un visage sur ces voix réconfortantes qu’elle entendait calfeutrée dans son placentas
Et j’espère que cette vision simple et naïve du monde, Mya tu la garderas aussi longtemps que tu le pourras. J’espère que ces évènements malheureux ne feront plus partie de ton quotidien et que tu les découvriras bien plus tard dans tes livres scolaires. J’espère que tu profiteras de ta jeunesse en croyant bêtement à la bonté des gens et à la beauté du monde le plus longtemps possible ( et oui Mya, tu pourras dormir secrètement avec ton doudou jusqu’à tes 25 ans ). 

Bienvenue à toi Mya, bon fais pas attention, c’est un peu le bordel en ce moment mais ne t’en fais pas, ça va aller. ( et ça c’est Tata flipée-de-la-vie qui te le dit )








Petit bonus ( histoire que je sois pas la seule à l'avoir dans la tête ) :



3 commentaires:

  1. Ben voilà, tu nous fais regretter de t'avoir acheté les cassettes...

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    1. Parce que tu as la chanson dans la tête ou parce que je suis devenue hypocondriaque ?

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    2. A ton avis, la vie, la vie, la vie.....

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